Bonjour, J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre analyse, en m'émerveillant du fouillé de ce travail d'amateur... jusqu'à ce que je voie que vous êtes épidémiologiste... mais ça n'en diminue pas l'intérêt tout en augmentant la crédibilité. J'apprécie surtout vos tentatives de prédictions.
Si je puis me permettre, comme vous allez progressivement vous corriger, ce serait intéressant de le faire sans annuler vos prédictions précédentes, mais en signalant plutôt les corrections successives.
Quelques remarques.
Vous vous appuyez pas mal sur les données chinoises pour faire vos estimations, par exemple de mortalité finale, mais je n'ai pas remarqué de prise en compte du fait que la pyramide des âges en Chine et en France sont très différentes. Avec 12% de > 65 ans en Chine contre 20% en France, vu que les >65 ans représentent en France 93% des morts (selon Checknews Libé), on peut penser que cette différence se répercutera lourdement dans la saturation des soins et le nombre de morts à la fin.
Vous ne faites pas non plus état de l'effet des décisions d'arrêt des soins, or vous utilisez la durée de 14 jours de soins intensifs.
Mais 1. je crois me souvenir qu'en Chine les gens qui sont morts le sont en moyenne après 26 jours d'hospitalisation : 3 j en service ordinaire, 23 jours en soins intensifs, ce qui est beaucoup plus que 14. Je ne sais plus où j'ai lu ça.
2. Si les soins intensifs sont saturés, on peut imaginer que l'adaptation des services ne sera pas juste un refus des admissions, car cela laisserait beaucoup de gens sans même une aide à moins souffrir (étouffer n'est pas rigolo). La miséricorde devrait pousser les soignants à accélérer la mort des gens qu'ils ne croient pas pouvoir sauver (d'où l'intérêt pour chacun de venir à l'hôpital avec ses directives anticipées Léonetti-Clays préremplies), même si je n'ai pas entendu parler de modification législative en ce sens. Si les soignants font ça quand même, cela accélérera la rotation dans les lits de soins intensifs et optimisera les chances de ceux qui y passeront. Cela pourrait avoir un impact sur la durée de séjour et donc sur vos estimations.
Vous n'évoquez pas d'évolution de l'efficacité du confinement. Or étant confrontée à ce problème nouveau, et à un déluge d'information, on peut supposer un progrès adaptatif de la population. Ce n'est pas une épidémie dans un champ de maïs ou un élevage de poulets, du moins on peut espérer que nous autres humains on fasse un peu mieux au fil du temps, par exemple en faisant nos courses, etc. aidés si possible par une pédagogie publique voire étatique. Ainsi vous dites "restez à la maison" mais être dehors sans risque est possible et il faudra bien y venir si ça dure, notamment pour le tiers de gens qui n'habitent pas dans une maison.
Cordialement,
AF