L’évaluation du taux de croissance des populations naturelles est essentielle pour comprendre le dynamique des populations et mesurer l’efficacité des actions de gestion visant la restauration ou l’éradication. Les méthodes de suivi reposant sur le comptage d’individus sont populaires mais limitées pour analyser les mécanismes démographiques sous-jacents notamment la survie des adultes ou la production de jeunes. Les techniques invasives comme la capture-marquage-recapture sont coûteuses ou inappropriées pour certaines espèces notamment protégées ou invasives.
Chez de nombreuses espèces de canards, les jeunes mâles ont l’aspect de femelles.
Cette étude teste l’hypothèse que ce retard dans la maturité sexuelle peut fournir une information indirecte sur la structure en âge et les taux vitaux. La méthode proposée ici se base sur les comptages hivernaux, catégorisant les individus selon leur aspect (plumage de type mâle ou de type femelle), pour estimer la survie adulte et la productivité (ou taux de recrutement).
Une application de cette méthode est réalisée sur deux populations d'Érismature rousse (Oxyura jamaicensis) en Grande-Bretagne et en France.
Cette méthode dite du « sexe-ratio apparent» s’appuie sur trois variables observables :
L’application aux populations d'Érismature rousse en Grande-Bretagne et en France a permis d’estimer la proportion d’immatures, la survie adulte et le taux de recrutement. Ces estimations sont cohérentes avec celles issues de données alternatives. La survie adulte varie entre 0.33 et 1 et le taux de recrutement entre 0.09 et 0.75 recrues par adulte, avec des différences régionales. L’application de cette méthode a permis de quantifier l’impact des stratégies de prélèvement sur la dynamique démographique. Elle démontre qu’une stratégie de prélèvement avant la reproduction induit une plus forte baisse du taux de croissance en impactant la survie adulte et en maintenant la production de jeunes à un niveau faible quelque soit l’année. La différenciation des effets entre survie et recrutement a permis d’évaluer l’efficacité des stratégies de gestion, tout en offrant une méthode non invasive, adaptée aux espèces à dimorphisme sexuel différé.
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