Le réchauffement climatique entraîne une redistribution des espèces vers les pôles, mais les réponses varient selon les espèces et les contextes locaux. L'article scientifique s’intéresse à la capacité des oiseaux d’eau à ajuster leur répartition face au changement climatique et à l’impact de la gestion de l’habitat à des fins de chasse aux canards en Europe du Sud-Ouest, où cette pratique est répandue. L’objectif est d’évaluer si la gestion de l’habitat influence la réponse des communautés d’oiseaux d’eau, notamment en termes de déplacement en réponse à l’augmentation des températures.
Les chercheurs ont étudié l’évolution des communautés d’oiseaux d’eau non nicheurs (110 espèces) sur 28 années(1993-2020) dans 851 sites du sud-ouest de l’Europe répartis entre le Portugal, l’Espagne, la France et l’Italie, où la gestion de l’habitat est une pratique courante pour attirer et chasser les canards. Ils ont émis l’hypothèse que les espèces de canards ciblées par la gestion de l’habitat n’ont pas besoin de suivre les changements de température autant que les espèces non chassées, en raison de la disponibilité d’habitats adaptés fournis par les gestionnaires des territoires de chasse. Ils ont donc utilisé l’indice de température communautaire (ITC) pour évaluer les réponses temporelles des communautés et des espèces au réchauffement climatique. Ils ont enfin comparé l’effet du statut de chasse avec d’autres traits fonctionnels sur les réponses des espèces, en contrôlant la parenté phylogénétique.
La tendance de l’ITC a augmenté au cours de la période d’étude, indiquant une adaptation des communautés au réchauffement climatique. Cependant, les canards chassés ont contribué à près de 40 % des contributions négatives à cet ajustement communautaire, ce qui suggère que les canards chassés ne modifient pas leur répartition autant que les autres oiseaux aquatiques. La fidélité hivernale associée à la fourniture de zones d'alimentation attractives pourrait expliquer pourquoi les canards ne semblent pas avoir modifié leur répartition en réponse au réchauffement climatique. Cette étude suggère l'impact considérable des activités humaines sur la faune sauvage, y compris sur les processus de distribution à grande échelle, et s'interroge sur les conséquences à long terme sur les populations de canards.
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